La 5G continue de faire face à de sérieuses réticences dans l’Hexagone. Malgré la publication d’une premier étude rassurante, le conseil municipal de Lille a adopté dans la nuit de vendredi à samedi un moratoire sur le déploiement de la 5G. Celui-ci prévoit de sursoir à “toute autorisation” d’antennes jusqu’à la publication en 2021 d’un rapport attendu de l’Anses, a annoncé la ville. “Parce que nos doutes persistent tant du point de vue sanitaire que de la sobriété numérique sur le déploiement de la 5G, nous avons voté (…) un moratoire. Il est urgent d’attendre !”, a déclaré dans un tweet la maire de Lille Martine Aubry.”Avant de pouvoir affirmer que la 5G représente à coup sûr un progrès pour nos villes et leurs habitants, il nous semble que plusieurs zones d’ombre (…) doivent encore être éclaircies”, expliquent les élus dans le texte de la motion, présentée par la majorité municipale, le groupe Lille en commun. “Les rapports officiels publiés ces derniers mois (…) ne permettent toujours pas aux instances les plus compétentes d’exclure tout risque réel sur les populations en lien avec l’exposition à cette nouvelle technologie”, arguent-ils.Parce que nos doutes persistent tant du point de vue sanitaire que de la sobriété numérique sur le déploiement de la 5G, nous avons voté au Conseil Municipal de @lillefrance ce soir un moratoire. Il est urgent d’attendre ! pic.twitter.com/DWAnwtOQsb— Martine Aubry (@MartineAubry) October 9, 2020
>> A lire aussi – A quoi va servir la 5G ?La question financièreLes élus s’interrogent aussi sur “le haut niveau des investissements induits”, dans le “contexte financier difficile” lié à l’épidémie de Covid-19, ou encore sur “l’utilité réelle” de cette technologie qui contraindra particuliers et professionnels “à renouveler leurs produits électroniques en dépit de toute considération liée à leur durabilité”. La motion adoptée prévoit de sursoir, sur le territoire de la commune, “à toute autorisation d’implantation ou d’allumage d’antennes ‘test’ liées à la technologie 5G (…) au moins jusqu’à la publication du rapport attendu en 2021 de l’ANSES”, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, alimentation, environnement, travail. Les élus du groupe Lille en commun demandent à la métropole européenne de Lille (MEL) de prendre “une position similaire”. Ils réclament enfin l’abaissement du seuil d’exposition acceptable (fixé par l’OMS à 61 v/m) à 4 v/m à l’échelle de la MEL, et estiment que l’éventuel déploiement de la 5G doit s’accompagner d’une “extinction programmée et accompagnée de la 2G et de la 3G, particulièrement énergivores et désormais réputées saturées”. La métropole de Bordeaux avait déjà adopté fin septembre une motion demandant au gouvernement un moratoire sur cette technologie et un report du processus d’attribution des fréquences. >> A lire aussi – Des centaines d’habitants privés de téléphone fixe et d’internet après un sabotage anti-5G ?L’exécutif a rejeté l’idée d’un moratoire sur les enchères des fréquences 5G, avancée également par 70 élus de gauche et écolos mi-septembre, invoquant l’absence de tout risque sanitaire. Initialement prévues en mais repoussées en raison de la pandémie de Covid-19, ces enchères ont été lancées le 29 septembre. L’attribution des premières fréquences 5G aux opérateurs français a rapporté 2,786 milliards d’euros à l’Etat, Orange obtenant la plus grande part des “blocs” en jeu. Mais, l’opposition de certaines villes pourrait peser sur les actions des opérateurs.