Américains, Britanniques, Italiens… où investissent-ils dans la pierre en France, dans quels types de biens et à quel prix ? Le Conseil supérieur du notariat (CSN) vient de publier un bilan complet dont nous vous révélons en exclusivité les résultats. Premier enseignement, entre 2008 et 2018, la part des acquéreurs étrangers non-résidents a chuté de 2,5 % à 1,7 %. Cela représente 180 000 étrangers qui ont fait le choix d’acheter un bien immobilier en France en 2018.
« En dix ans, on est passé de 600 000 transactions immobilières à 1 million et il est logique que, proportionnellement, la part des acheteurs étrangers diminue », explique Me Thierry Delesalle, coprésident de l’Institut notarial de droit immobilier du CSN. Ce chiffre varie en outre énormément d’une région à l’autre, les étrangers plébiscitant davantage le Sud (4 % contre 0,9 % en Ile-de-France en 2018).
La place de tête reste occupée par les Britanniques (28 %), loin devant les Belges (19 %) et les Allemands (7 %). « Toujours très présents en France et premiers acquéreurs dans l’Ouest, le Centre Ouest et le Massif central, les Britanniques achètent moins, tempère l’expert. En 2015, ils représentaient 38 % des acheteurs, soit 10 points de plus ! ». Motif de ce recul ? « La livre sterling baisse et offre un taux de change moins avantageux qui diminue leur pouvoir d’achat », note le notaire parisien. Si les résidents britanniques en France ont intérêt à profiter des taux bas, ce n’est évidemment pas le cas des non-résidents, dont certains ont pu être freinés par la crainte d’un « hard Brexit ».
Côté prix, « les biens que s’offrent les Britanniques sont généralement des maisons à rénover, d’où un montant de transactions plus faible que la moyenne locale dans les régions où ils investissent », analyse Me Delesalle. Ainsi en Bretagne, les Britanniques − un acheteur étranger non-résident sur deux !− paient en moyenne leur maison 114 000 euros contre 162 000 euros pour un résident français. Dans le Centre, où ils représentent 6 acheteurs sur dix non-résidents, ils investissent en moyenne 90 000 euros contre 130 000 euros pour les Français.
En tête des achats dans le Sud et en Ile-de-France, la part des acheteurs italiens est en recul de 20 points en dix ans. Rien qu’en Provence Côte d’Azur-Corse, elle dégringole de 15 points… Cette désaffection serait liée à la mise en œuvre par le gouvernement italien d’un régime fiscal défavorable en cas d’achat d’une résidence secondaire à l’étranger. Et ce retrait des Italiens profite déjà aux Chinois, quasiment inexistants en 2008, aux Espagnols et aux Portugais, qui ont gagné, à eux trois, 10 points en dix ans.
A l’inverse, l’étude note une hausse significative du nombre d’achats des étrangers résidant dans l’Hexagone (4,2 % en 2018, contre 3,7 % en 2008). Ils représentent même 9 % des acheteurs en Ile-de-France, leur plus haut niveau depuis 2015.
Cette augmentation s’explique, elle aussi, assez logiquement. « Les étrangers résidents achètent car ils sont conscients qu’ils peuvent emprunter plus facilement grâce aux taux d’intérêt bas chez nous, ce qui n’est pas le cas chez eux, souligne le notaire. En Angleterre, les taux sont en effet variables et proches de 4,5 % en ce moment, contre un taux fixe à près de 3 % en Italie ». La France, avec un taux historiquement bas à près d’1 % (hors assurance) en 2019, a, il est vrai, de quoi aiguiser les appétits.