Le petit frère du Livret A s’est d’abord appelé Codevi – Compte pour le développement industriel. Puis il a été rebaptisé, en 2007, Livret de développement durable (LDD). Et enfin Livret de développement durable et solidaire (LDDS), en 2016. Au fil des changements de nom s’est ainsi renforcée la promesse de faire rimer placement et responsabilité, pour l’épargnant choisissant ce livret, qui partage avec le Livret A nombre de ses caractéristiques financières – taux de rémunération, non-fiscalisation, etc.
Promesse tenue ? L’épargnant fait-il vraiment un geste vert ou solidaire en alimentant son LDDS ? Plus vert ou solidaire en tout cas que s’il nourrit son Livret A ? Des questions pas anodines, d’autant plus dans un contexte sanitaire et économique incertain, qui voit gonfler de plusieurs milliards chaque mois l’encours de ces livrets.
Ne cherchez pas sur le site de votre banque ou sur les portails officiels une information simple et surtout détaillée sur l’utilisation des fonds du LDDS, tous ou presque se contentent de formulations vagues agrémentées de photos de plantes. Comme il s’agit d’un des placements financiers les plus courants (il est détenu par 24 millions de personnes), qui plus est réglementé par les pouvoirs publics et financé en partie par l’Etat (il est exonéré d’impôt), on s’attendrait à la plus grande transparence vis-à-vis de l’épargnant et, surtout, à une information aisément lisible.
Selon la loi et la réglementation sur le LDDS, 59,5 % de l’épargne de ce livret est gérée (« centralisée ») par la Caisse des dépôts (CDC). Les 40,5 % restants sont conservés par les banques, et doivent être employés pour financer des petites et moyennes entreprises – à hauteur de 80 % minimum des sommes gardées –, la transition énergétique ou la réduction de l’empreinte climatique (10 % minimum) et l’économie sociale et solidaire (ESS, 5 % minimum). Différence avec le Livret A ? Aucune !
Solidaire seulement depuis juin 2020
En pratique, n’en déduisez par ailleurs pas que, lorsque vous déposez 100 euros sur votre LDDS, 60 euros environ vont à la CDC, au moins 32 euros sont utilisés par votre banque pour des PME, 4 euros pour l’environnement et 2 euros pour l’ESS. Ce serait trop simple.
Vous ne pouvez pas savoir, pour l’instant, quelle part de votre épargne va à la CDC et quelle part reste dans votre banque. Les 59,5 % sont une moyenne nationale et si, à terme, la convergence est prévue, les taux, qui évoluent chaque mois, diffèrent encore d’une banque à l’autre et ne sont pas divulgués…
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