Epargne: le PER, solution miracle pour la retraite? – Challenges

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Né de la loi Pacte de mai dernier, le Plan d’épargne retraite (PER), que les banques et les assureurs commencent tout juste à commercialiser, va se substituer à tous les dispositifs d’épargne retraite existants : Plans d’épargne retraite populaire (pour les salariés), contrats Madelin (pour les professions libérales) et article 83 (pour les dirigeants). “C’est un produit qui va provoquer un vrai tsunami sur l’épargne !” prévient Thomas Rone, conseiller en patrimoine à Exco-Axiom.

Mieux défiscalisé

Le PER présente en effet plusieurs avantages. Le plus visible : la défiscalisation des versements. Les dépôts sur le PER seront ainsi déductibles des revenus, dans la limite de 10 %, avec un plafond de 32.416 euros en 2020. Verser 30.000 euros sur son PER va donc permettre d’économiser jusqu’à 13.500 euros !

De plus, l’épargnant pourra récupérer à tout moment son capital s’il veut s’en servir pour acheter sa résidence principale, s’il connaît le chômage ou s’il a un accident grave. Et à son départ en retraite, il pourra toucher aussi son épargne sous forme de capital ou de rente viagère. Ses gains seront alors fiscalisés, mais c’est un gros progrès par rapport aux précédents produits d’épargne retraite, qui n’autorisaient que très partiellement (20 %) une sortie en capital.

Pendant la phase d’épargne, les cotisations pourront fructifier sur des supports très variés : des fonds euros, bien sûr, mais surtout des fonds actions, eurocroissance et immobiliers (SCI, OPCI, SCPI). Et même des titres en direct, cotés ou non cotés… Les gestionnaires auront intérêt à afficher leurs performances pour retenir leur client, car si celui-ci n’est pas satisfait, il pourra partir ailleurs. “Il pourra aussi transférer sur son PER tous ses produits retraite existants (Perp, Madelin, article 83), ce qui sera souvent intéressant”, explique Pierre-Emmanuel Sassonia, directeur général d’Eres. Même son contrat d’assurance-vie de plus de huit ans !

Plus performant à terme

Avec de tels atouts, le succès devrait être au rendez-vous. La poignée d’assureurs qui a lancé un PER avant Noël n’a d’ailleurs pas été déçue. “On a fait 7.000 contrats en deux mois, trois fois plus que prévu”, se réjouit Bruno de Seguins, directeur de la distribution d’Aviva assurances. Pour Pierre-Emmanuel Sassonia, d’Eres, qui a aussi lancé son PER avant Noël, “ce produit est l’équivalent de l’assurance-vie au début des années 1980”. De son côté, Thomas Rone, d’Exco-Axiom, a fait ses comptes : “En prenant pour référence des rendements moyens, le PER s’affirme déjà comme plus performant, à terme, que tous les autres produits générant des revenus à la retraite, comme l’immobilier locatif et l’assurance-vie… “

Que faut-il alors faire de ses anciens Perp, Madelin et consorts, dont la commercialisation sera arrêtée à partir d’octobre prochain ? Ce sera au cas par cas : certains offrent, par exemple, des tables de mortalité anciennes, plus favorables que celles du PER. Utile uniquement pour ceux que la rente intéresse. Mais ils ne seront pas nombreux, prévoit François-Xavier Lejeune, responsable de la multigestion de Dauphine AM, “car 95 % des souscripteurs n’utiliseront pas l’option rente et sortiront en capital… “

Reste à faire son choix. Actuellement, une vingtaine de PER sont disponibles, mais demain, ils seront des centaines. Première vérification : les frais. A l’entrée, ils sont en moyenne élevés, mais négociables, puisque les conseillers en patrimoine obtiennent du “zéro” frais pour leurs clients. Attention aussi aux frais de gestion : 0,8 % maximum pour le fonds en euros et 0,9 % pour les fonds en unités de compte est plus raisonnable. A ne pas oublier, les frais à la sortie sur les retraits en capital, qui peuvent atteindre 1,5 % !

Gestion profilée

Il faut enfin se pencher sur l’offre de gestion. Tous les PER proposent une gestion profilée avec sécurisation progressive. La différence se fait sur le nombre et la variété des fonds. “Dommage que les contrats ne proposent pas d’ETF (trackers), qui permettent pourtant de suivre les marchés à moindre coût”, regrette Thibaut Dalle, consultant en services financiers à Sia Partners. A ne pas négliger, non plus, les mandats de gestion. Ils permettent de confier son épargne à une société de gestion reconnue. Après tout, pour ce périple qui durera vingt ou trente ans, autant confier la barre à un capitaine expérimenté.

TEMOIGNAGE – Alfonso Gonzalez, directeur informatique de Manpower France: “Dans mon PER, j’ai surtout mis des actions américaines”

“J’ai fait une partie de ma carrière aux Etats-Unis, où j’ai souscrit un produit d’épargne retraite défiscalisée, le 401K. Je n’en avais jamais vu un en France qui permette de sortir en capital ou en rente et qui offre le même genre d’avantages fiscaux. J’ai, bien sûr, comme beaucoup de Français, une assurance-vie. Je n’ai en revanche jamais voulu acheter de l’immobilier en Pinel, car je considère que l’avantage fiscal est accompagné d’une rentabilité médiocre et de taxes et frais trop nombreux. Pour moi, la création du PER a donc ouvert de nouvelles possibilités. Avec l’aide du cabinet Exco, et comme je ne compte pas partir en retraite avant quinze ans, j’ai investi en actions françaises, européennes, mais surtout américaines.”

• A FAIRE : Attendre son avis d’imposition

Le fisc n’a pas encore communiqué, sur tous les avis d’imposition, les plafonds “épargne retraite”. Certains contribuables ne savent donc pas combien ils peuvent investir en défiscalisant. Ils seront renseignés d’ici à septembre prochain.

• A NE PAS FAIRE : Souscrire trop vite

Tous les gestionnaires n’ont pas encore lancé leur PER. Or, la concurrence va faire baisser les frais, encore trop élevés. Les PER “zéro frais” arrivent. Et les souscripteurs ont jusqu’à fin décembre pour profiter de la défiscalisation 2020.

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