C’est un homme qui avance par passion dans la vie. Un homme qui croit en la valeur travail et vous dira même que le talent n’existe pas. Mehdi Guennouni combine aujourd’hui le poste de Directeur général de la foncière Volta et ses activités d’investisseur immobilier.
La première partie de sa vie, Mehdi l’a passée au Maroc où il a vécu jusqu’à la fin de ses études secondaires. Brillant élève, il a fait ses études, à partir du collège, dans l’enseignement public. Né de père marocain et de mère française, Mehdi a baigné très tôt dans une culture bilingue.
Ses professeurs et sa famille avait décelé en lui quelque chose de spécial. Au-delà du profil de premier de la classe qu’il était, Mehdi a toujours été curieux de tout, travailleur et en avance sur son âge. L’aîné d’une fratrie de quatre frères et une sœur, il était devenu, sans le savoir, un modèle pour les autres.
«Mehdi a toujours été un grand frère protecteur et bienveillant. Son esprit d’indépendance et ses prises de positions forçaient l’admiration. Il allait toujours vers les choses difficiles, dans ses lectures, dans les débats d’idées qu’il initiait. A la fois indépendant et rassembleur. Il a toujours été un pilier de la famille, un modèle à suivre à mes yeux», explique à Yabiladi son jeune frère, Karim.
C’est sans surprise qu’il a donc décroché son Baccalauréat en Sciences Mathématiques avec mention Très Bien. Mais au lieu de commencer un parcours classique de classes préparatoires, son choix s’est porté sur une école d’ingénieurs française, l’INSA à Lyon. Il dit avoir été séduit par la vie associative au sein de l’école.
Sa dernière année d’études, il la passera au Trinity College de Dublin où il va multiplier les cours d’histoire de l’art ou des religions. C’est cela aussi Mehdi, un homme curieux, qui même en choisissant une filière scientifique, trouve du plaisir à passer des heures à lire dans l’emblématique bibliothèque de la prestigieuse université de Dublin.
Mehdi Guennouni / DR
Le début de la vie active
Son diplôme d’ingénieur en poche, c’est tout naturellement qu’il se dirige vers le monde du consulting à Paris. Il passera cinq ans dans deux cabinets parmi les leaders du domaine à cette époque : Andersen Consulting et PwC Consulting. La clé de la réussite, selon lui, est toujours d’avoir une vision dans la vie. Et pour lui, être consultant n’était qu’une étape dans la construction de sa carrière.
«L’idée du MBA était déjà là car je voulais m’orienter vers l’investissement à un moment donné de ma vie professionnelle, avec en arrière-plan le rêve de monter un jour, un fonds d’investissement.»
Après Paris, la prochaine destination s’est alors imposée comme une évidence. Il va intégrer la Mecque mondiale de la finance et des affaires, la prestigieuse Wharton Business School (à Philadelphie – Etats-Unis). Grâce à son excellent profil, il bénéficiera en plus de la bourse Fullbright accordée aux postulants les plus méritants.
Mais si sortir de la vie active pour revenir sur les bancs de l’université pouvait intriguer son entourage, un simple coup d’œil à son parcours finissait par rassurer les plus sceptiques.
«Je n’ai rien tracé pour l’avenir de Mehdi mais j’ai toujours su qu’il ira aussi loin qu’il le souhaite car il en a toujours eu les capacités. Quand il a rejoint Wharton, j’étais heureux pour lui. Il voit des choses que je ne vois pas, il prend des risques que je ne prendrais pas, mais avec le temps, j’ai vu que cela lui réussissait plutôt bien. Alors même si je ne le dis pas souvent, je suis très fier de lui», témoigne Dafir Guennouni, le père de Mehdi.
En quête de sens…
Les deux années passées à Wharton marqueront un point de transformation dans la vie de Mehdi. Il y découvrira le monde entrepreneurial américain, et profitera d’un programme d’échange pour aller à la découverte de l’Asie, en intégrant l’école de management INSEAD à Singapour.
Mais Mehdi a déjà un autre rêve en tête : rejoindre le leader mondial de la banque d’investissement : Goldman Sachs. L’occasion se présentera à travers son stage de fin d’études. En 2006, il met le cap sur Londres pour rejoindre les équipes Fusions et Acquisition de Goldman Sachs.
«A cette époque de ma vie, mon envie d’être libre commençait à prendre forme. Je voulais quelque chose qui ait du sens, et non pas juste monter dans la hiérarchie et gagner de l’argent», souligne Mehdi.
Son profil est vite repéré par un nouveau fonds d’investissement, émanation de Goldman Sachs et Cerberus Capital, spécialisé en restructuration et retournement d’entreprises en difficulté en vue de leur redressement. C’est là que commencera son chemin de retour vers Paris. Une des premières sociétés reprises par le fonds d’investissement qui venait de le recruter a été BUT, leader de la distribution en France.
La passion de l’investissement
L’excellent travail qu’il réalisera avec l’enseigne française, fera que son PDG de l’époque, Régis Schultz, lui propose de rejoindre le comité de direction de BUT et participer à relancer une entreprise en perte de vitesse. Il sera nommé Directeur Général en charge de la Stratégie, du Développement et de l’Immobilier.
Le challenge est de taille. En 2 ans, le jeune dirigeant ouvre une centaine de magasins, vend plus de 400 millions € d’immobilier pour alléger la dette de l’entreprise.
«Quand je suis arrivée en 2013, j’ai rencontré un homme pragmatique, qui aime les défis et qui n’a pas peur des nouveaux projets. Mehdi a joué un rôle clé dans la relance de BUT et dans la réussite du projet de revente de l’enseigne plus tard. Il était aussi perçu par ses collaborateurs comme quelqu’un d’humain», nous déclare Frank Maassen, Président directeur général de BUT entre 2013 et 2018.
C’est justement lors de son passage chez BUT et suite aux transactions effectuées pour le compte de l’enseigne française que Mehdi tombe amoureux de l’investissement immobilier. Une passion qu’il poursuivra quand il rejoint en 2017, le «Family Office» du Groupe Lutz qui pesait 9 milliards € de chiffres d’affaires avec 3 millions de m2 d’immobilier en propre. Il sera chargé en tant que Directeur général, de développer leur portefeuille en France, Espagne, Portugal, Afrique du Nord et Moyen Orient.
En 6 mois, 200 millions € ont été déployés sous sa direction. En parallèle, Il se lance, pour son propre compte, dans de nouveaux projets d’investissement immobilier. Trois ans plus tard, ce sont des milliers de m² qui ont été remis sur le marché parisien grâce aux investissements initiés par Mehdi et ses partenaires.
Hors des sentiers battus
Les choix de l’investisseur immobilier qu’il est devenu se portent souvent sur des situations complexes avec des biens qui demandent une restructuration profonde ou qui font l’objet de repositionnement d’actifs. «J’aime me lancer dans des projets qui sortent de l’ordinaire. Ceux que les fonds d’investisseurs classiques ne font pas et que les marchands de biens classiques ne suivent pas non plus», explique-t-il.
Celui qui faisait il y a quelques années de la restructuration d’entreprises, s’oriente aujourd’hui vers la restructuration d’actifs. Il dit souvent qu’un immeuble a une âme et quand il choisit un bien, son objectif n’est pas juste de réussir une opération à forte valeur ajoutée, mais de redonner une vie à ce bien.
«Je rêve de réhabiliter des immeubles de la vieille ville de Casablanca, ou des immeubles Art Déco. La promotion immobilière ne m’intéresse pas. La pierre me parle et c’est ce que j’aime dans ce que je fais.»
Aujourd’hui, c’est au sein de la foncière Volta qu’il exerce ses talents d’investisseur immobilier, depuis un an. Mehdi Guennouni en est déjà à une centaine de millions d’euros d’investissements pour le compte de la foncière. Des biens à transformer, d’autres à réhabiliter, avec chaque jour une nouvelle histoire à écrire.