On l’ignore souvent mais un courtier ne facture pas seulement des honoraires à ses clients particuliers ; il en facture aussi à la banque émettrice du crédit. « Cette commission s’élève entre 0,8 % à 1 % », précise un courtier. Et dans le cas où le client vient de la part d’un apporteur d’affaires — promoteur ou agent immobilier —, le courtier lui rétrocède une part de ce pourcentage, environ la moitié (0,3 % à 0,5 %). C’est du moins la règle en vigueur jusqu’à présent. Et elle pourrait évoluer dans les prochaines semaines, car les établissements bancaires sont très remontés.
« Le fait que les courtiers se rémunèrent des deux côtés est très agaçant pour les banques, qui margent peu sur les crédits immobiliers qu’elles produisent en cette période de taux bas », explique un banquier sous anonymat. C’est d’autant plus agaçant pour les banques que, en raison de ces taux bas, les clients ne se gênent plus pour franchir leur porte afin de souscrire ou de renégocier un crédit. « À quoi bon payer un intermédiaire si les clients viennent naturellement à nous ? », interroge un banquier, excédé.
C’est dans ce contexte tendu que plusieurs banques ont appelé depuis le début de l’année les courtiers à renégocier à la baisse leurs conventions. Au lieu de verser traditionnellement près de 1 % du montant du prêt en commission par opération, les banques proposent de baisser leur rétribution, selon les établissements, entre 0,3 % à 0,8 %. Certains courtiers auraient déjà accepté cette baisse en échange d’un volume annuel de prêts assurés. Mais beaucoup de grands acteurs nationaux s’y refusent fermement. Les négociations se poursuivent en coulisses… Quelle que soit l’issue, elle ne devrait guère impacter le client. Il paraît peu probable en effet que les courtiers augmentent leurs honoraires pour compenser la perte des commissions versées par les banques.