Crédit immobilier : les taux bas feront-ils sauter votre banque ?

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Depuis 2017, l’emballement de l’immobilier est total en France.
Les crédits immobiliers accordés à tout-va par les banques françaises ces dernières années font désormais peser un risque sur le système financier. Même la très sérieuse Banque de France s’en inquiète !

Depuis 2017, l’emballement de l’immobilier est total en France : jamais il n’y avait eu autant de transactions – près d’1 million par an en moyenne lors des trois dernières années – et les prix atteignent des records dans les grandes villes. Les agents immobiliers sont aux anges… à l’inverse des autorités chargées de contrôler les risques financiers. En effet pour atteindre un tel niveau d’activité, il a bien fallu que les banques de l’hexagone accordent massivement des crédits aux Français, qui ne sont pourtant pas connus pour rouler sur l’or. Leur dette immobilière augmente désormais à un rythme trois fois supérieur aux revenus et atteint 1 070 milliards d’euros. Ce décalage interpelle des institutions réputées très sérieuses, tels la Banque de France ou le Haut conseil de stabilité financière, qui se sont ouvertement inquiétées des risques de l’emballement de l’immobilier sur la santé des banques françaises.

Les banques ont poussé le bouchon

Il faut dire que les BNP Paribas, Crédit Agricole, Banques Populaires, Caisses d’Epargne et autre Société générale ont poussé le bouchon un peu loin pour prêter à des ménages qui n’auraient, en temps normal, pas pu souscrire un crédit pour s’acheter une maison ou un appartement. Elles ont d’abord abaissé fortement les taux des crédits, qui s’établissent à seulement 1,31 % désormais. Ensuite, elles ont allongé la durée des prêts afin de faire baisser les mensualités payées par les ménages : “la part des emprunts les plus longs, c’est-à-dire 25 ans et plus est désormais supérieure à 40 % quand elle était de 15 % seulement en 2014”, pointe l’économiste du cabinet d’études Xerfi Alexandre Mirlicourtois. Enfin, les banques ont octroyé des crédits avec très peu de capital apporté par les ménages : “les taux d’apport personnel des emprunteurs sont descendus à des niveaux jamais observés par le passé”, relate l’Observatoire Crédit Logement/CSA dans sa dernière publication.

“Parmi les principaux pays de la zone euro, c’est désormais en France que le taux d’endettement des habitants est le plus élevé, devant l’Espagne, devant l’Allemagne, devant l’Italie.”

En ajoutant les crédits à la consommation, l’endettement des ménages français représente désormais près d’une année de revenu. “Parmi les principaux pays de la zone euro, c’est désormais en France que le taux d’endettement des habitants est le plus élevé, devant l’Espagne, devant l’Allemagne, devant l’Italie”, note Alexandre Mirlicourtois. Mais les pratiques des banques ont aussi eu un impact sur le surendettement : “depuis 2010, le poids de la dette immobilière dans le surendettement des ménages ne cesse d’augmenter passant d’un peu moins de 20 % de l’endettement global à plus de 35 % aujourd’hui“, ajoute l’économiste. Bref, “la dynamique actuelle n’est pas soutenable sur le long terme”, assume Jean Boissinot, conseiller du gouverneur de la Banque de France. Surtout que l’Etat ne pourra pas, comme en 2008, soutenir les banques en cas de “choc macroéconomique ou financier“, car il est lui-même endetté à environ 100 % de son PIB. “La politique budgétaire apparaît moins à même d’amortir les effets récessionnistes d’un désendettement des entreprises ou des ménages”, résume sobrement la Banque de France.

Une concurrence dangereuse

Mais il y a pire : à force de se mener une concurrence féroce sur les taux de crédits immobiliers pour attirer les chalands, les banques réduisent fortement “leur profitabilité future”, s’inquiète la Banque de France. Autrement dit, les crédits immobiliers, qui en France sont accordés en quasi totalité à taux fixe et très bas, ne rapporteront rien aux banques dans les prochaines années ! Pire, ils pourraient leur faire perdre de l’argent en cas de remontée des taux directeurs de la banque centrale européenne (BCE), dont dépendent les taux de refinancement des banques et les taux servis aux épargnants.

A la Banque de France, on est gêné aux entournures sur ce risque. “On voudrait faire en sorte que le système bancaire français soit résilient en cas de remontée des taux“, prêche Jean Boissinot. Son cauchemar : que des problèmes de “stabilité financière” des banques françaises “ne deviennent un obstacle” à une éventuelle décision de la BCE de remonter ses taux si le contexte économique l’impose. En somme, que les banques capturent la politique monétaire européenne et imposent le statu quo des taux bas.

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