Les tendances observées cet hiver se confirment. La première est plutôt une bonne nouvelle puisque l’Observatoire du crédit immobilier estime que les taux moyens de crédit immobilier devraient rester bas au cours des prochains mois. La seconde est moins positive puisque selon ses calculs pas moins de 200 000 ménages pourraient devoir remettre leur projet d’achat immobilier, en raison des préconisations émises par le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) à la fin de l’année 2019.
Pour mémoire, l’instance a demandé aux organismes prêteurs de se montrer plus vigilants lors de l’accord des crédits immobiliers. Dans son viseur, notamment, le strict respect du taux d’effort de 33% pour les ménages emprunteurs, mais aussi la limitation de la durée des nouveaux crédits, soit inférieure ou égale à 25 ans. Pour Hervé Hatt, le président de meilleurtaux.com, l’étonnement domine : « Grâce à la baisse des barèmes, le taux d’effort ne s’est pas dégradé, au contraire : il est de 30% en 2019 contre 33% entre 2008 et 2012 ». Selon lui, le taux d’effort a été dépassé dans 31% des dossiers 2019, mais les ménages concernés disposent d’un « reste à vivre suffisant ».
Des préconisations « dénuées de bon sens »
Hervé Hatt ajoute que le modèle du crédit immobilier français est le plus sûr d’Europe. « Emprunts à taux fixes, prêts amortissables, taux d’endettement ou respect d’un reste à vivre, garantie sur le bien ou caution ou encore assurance emprunteur », liste-t-il. Les chiffres d’Eurostat, une direction générale de la Commission européenne, vont dans le sens du président. Pour preuve : la part des ménages propriétaires avec un prêt en cours consacrant plus de 40% de leur revenu brut disponible au logement représente 0,7% en France, contre 4,4% dans l’Union européenne.
Pour Hervé Hatt, les préconisations du (HCSF) « sont dénuées de bon sens » et pourraient exclure 205 400 ménages de l’emprunt immobilier en 2020. Selon Maël Bernier, directrice de la communication de meilleurtaux.com, les catégories socioprofessionnelles les moins aisées (employés, ouvriers, voire cadres moyens) seront les premières victimes de ce tour de vis, alors qu’ils représentaient 65% des emprunteurs en 2019. Les petits investisseurs pourraient également en faire les frais. De quoi, selon la directrice, pressuriser « le marché locatif avec une augmentation de la demande et une baisse de l’offre ».