« Les taux bas ont bon dos, renchérit Philippe Taboret, directeur général adjoint du courtier Cafpi et président de l’Association professionnelle des intermédiaires en crédits (Apic). Face à un problème de marge, il revient aux banques de relever légèrement leurs taux, mais imaginer qu’on peut se passer de nous, c’est faire une grave erreur, elles seraient incapables de faire notre travail. »
L’association n’entend pas se laisser faire. Elle s’apprête à remettre à ses membres un guide des bonnes pratiques pour prévenir tout risque d’abus de position dominante de la part des banques. L’Apic envisage même d’envoyer un courrier recommandé de pré-contentieux à l’encontre « des caisses prêtes à dénoncer de manière brutale et unilatérale leur engagement commercial » avec les courtiers.
Sans aller jusqu’à l’affrontement, de nombreuses banques ont opté pour renégocier leurs tarifs avec les courtiers. En tant qu’apporteurs d’affaires, ceux-ci perçoivent une commission fixée à 1 % du montant total de l’emprunt. « Ce montant est plafonné, mais il peut atteindre 5000 euros à 6000 euros par dossier, selon les sommes en jeu et les établissements », se plaint un banquier.
Une somme souvent complétée par des honoraires négociables – entre 1000 euros et 2000 euros selon le montant du prêt – versés par le particulier qui fait appel au courtier. Ça fait beaucoup pour un seul acteur », estime ce banquier. Son groupe comme d’autres proposent désormais de plafonner la commission due aux courtiers à 0,8 %.
Chaque matin, l’actualité vue par Le Parisien
Selon nos informations, la BPCE souhaite la diminuer de moitié (0,5 %) dans certaines villes de province. « Le pire, raconte un courtier, c’est que certains franchisés ont déjà accepté ces baisses de commission pour pouvoir continuer de travailler avec les banques. » En la matière, la palme reviendrait au Crédit agricole Val de France qui aurait proposé de rémunérer cette année ses courtiers 0,2 %. « Cela revient à vouloir se passer de nous sans le dire ! » s’insurge l’un d’eux.
Outre la commission, les banques auraient aussi dans leur viseur l’assurance emprunteur. « C’est le réel motif et l’enjeu de ce conflit, assure même un courtier. Depuis les lois Lagarde, Hamon et plus récemment Bourquin (NDLR : lois facilitant la délégation d’assurance en dissociant l’assurance emprunteur du crédit), les banques font de la résistance pour conserver la mainmise sur l’assurance emprunteur, gage de marges certaines », explique le professionnel. Quitte à ruser.
Le Parisien – Aujourd’hui en France a pu consulter une convention en cours de renégociation avec un grand groupe bancaire où une étonnante clause stipule que le « périmètre d’intervention du courtier se limite à la recherche d’une solution de financement portant sur les crédits […] à l’exclusion du périmètre des contrats d’assurance emprunteur »… Pas sûr que le gendarme du secteur, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), apprécie.