La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé le premier décès lié au coronavirus en France et en Europe ce samedi 15 février. L’homme était un touriste chinois âgé de 80 ans. Il s’agit du premier patient décédé du virus en dehors de l’Asie. Les huit autres cas porteurs du coronavirus en France, dont sa fille, sont dans un état stable, a ajouté la ministre. Par ailleurs, un Français présent à bord du bateau de croisière “Diamond Princess”, bloqué au Japon, a été testé positif au coronavirus.
De nouvelles analyses effectuées sur les passagers de ce navire ont révélé 67 nouveaux cas. Ce chiffre porte à 285 le nombre de passagers et membres d’équipages sur lesquels la présence du virus a été constaté, sans compter un officier de quarantaine, lui aussi infecté. A noter que le ministère égyptien de la Santé a également annoncé vendredi 14 février avoir enregistré le premier cas de nouveau coronavirus sur le continent africain.
Plus de 1.500 morts
Le porteur de la maladie n’est pas égyptien, a indiqué dans un communiqué le porte-parole du ministère, Khaled Megahed, sans préciser sa nationalité ni son genre. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a été informée et le patient, qui ne présentait aucun “symptôme”, a été transféré à l’hôpital et placé en quarantaine pour être soigné, selon le ministère. Dans le même temps, en France, les premières personnes rapatriées de Chine, 181 au total, sont sorties vendredi du centre de vacances de Carry-le-Rouet où elles ont passé quatorze jours en quarantaine.
Le bilan de l’épidémie du nouveau coronavirus dépasse désormais les 1.500 morts en Chine, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) disant redouter une “très grave menace” pour la planète, même si le nombre journalier de nouvelles contaminations diminue. Jusqu’à présent, 99,9% des décès enregistrés dans le monde l’ont été en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao), où est apparue la maladie en décembre dans la grande ville de Wuhan. Le virus, désormais officiellement appelé par l’OMS “Covid-19”, et non plus “2019-nCoV”, le nom adopté à titre provisoire, y a provoqué la mort de 1.519 personnes, selon les autorités sanitaires chinoises. Plus de 66.000 personnes contaminées ont désormais été répertoriées en Chine continentale.
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Le lanceur d’alerte est décédé
Li Wenliang, un ophtalmologue qui avait été l’un des premiers médecins à avoir alerté sur une possible épidémie, est décédé en raison du coronavirus, a annoncé l’hôpital de Wuhan, jeudi 6 février. Le lanceur d’alerte de 34 ans avait partagé ses inquiétudes sur l’application WeChat dès le 30 décembre et avait été contraint de garder le silence par les autorités ensuite.
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Fenêtre de tir
De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé que le monde dispose encore d’une “fenêtre de tir” pour endiguer l’épidémie de pneumonie virale. L’organisation, qui avait déclaré la semaine dernière une “urgence de santé publique internationale”, a estimé qu’il n’y avait pas pour l’heure de “pandémie” (situation de propagation mondiale d’une maladie). De plus, grâce aux échantillons prélevés sur trois des malades pris en charge en France, l’Institut Pasteur a réussi à isoler et mettre en culture le nouveau virus.
Plus meurtrier que le Sras
Une étape clé. “Dès lors que la souche isolée est mise en culture, il devient possible, par exemple, de tester in vitro des molécules ou des cocktails de molécules pour voir si elles inhibent la croissance du virus, ou de tester des candidats vaccins sur des modèles animaux”, explique Arnaud Fontanet, responsable de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut, relayé par Les Échos. Concernant l’élaboration d’un vaccin, il faudra encore un peu patienter. Le consortium Cepi (Coalition for Epidemic Preparedness Innovations) a indiqué avoir sélectionné trois candidats vaccins, qu’ils espèrent au point d’ici quatre mois. L’Institut Pasteur penche lui aussi sur l’élaboration d’un quatrième vaccin. Un appel aux dons a d’ailleurs été lancé pour aider à son financement.
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Ce virus est devenu plus meurtrier que le Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) en Chine, qui y avait fait 349 victimes en 2002-2003 (774 au total dans le monde). Mais les autorités sanitaires ont noté que le taux de mortalité du nouveau coronavirus était de 2,1%, les victimes étant soit très âgées ou atteintes de complications médicales préexistantes. A l’inverse, le Sras tuait presque 10% des patients.
Mesures à travers le monde
Alors qu’une grande partie des liaisons aériennes avec la Chine continentale demeurent suspendues, de nombreux pays musclent leurs mesures face à l’épidémie : le Vietnam est devenu le dernier pays en date à interdire l’entrée aux voyageurs arrivant de Chine. L’Autriche, elle, mène des contrôles de température à l’aéroport international de Vienne pour les passagers en provenance de Pékin. Sous pression, les autorités hongkongaises ont fermé la quasi-totalité des postes frontières avec le reste du pays et imposent une quarantaine de deux semaines à tous les visiteurs venant de Chine continentale.
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L’Indonésie a interrompu mercredi 5 février ses liaisons aériennes avec la Chine, bloquant des milliers de touristes chinois sur l’île touristique de Bali. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé un appel de fonds de 675 millions de dollars (613 millions d’euros) pour contrer la propagation du virus. “C’est beaucoup moins que la facture que nous devrons payer si nous n’investissons pas dans la préparation dès maintenant”, a plaidé son directeur général, Tedros Adhanom Gebreyesus. Air France, KLM, Virgin Atlantic et Iberia ont annoncé la prolongation de plusieurs semaines de la suspension de leurs vols vers la Chine continentale face à la crise liée au coronavirus alors que les craintes gagnent également Hong Kong. Air France et KLM ont annoncé jeudi la prolongation jusqu’au 15 mars de la suspension de leurs vols vers la Chine continentale, dont la desserte avait initialement été interrompue jusqu’au 9 février. De nombreuses compagnies aériennes, dont Air France, British Airways, Air Canada, Lufthansa, American Airlines, United Airlines, American Airlines ou Delta ont suspendu depuis fin janvier leurs vols vers la Chine continentale pour tenter de freiner la propagation du virus.
Villes chinoises confinées
En Chine, les mesures de confinement restent drastique : plusieurs agglomérations de la province du Zhejiang (est) appliquent depuis mardi des restrictions aux déplacements à des dizaines de millions de personnes. A Zhumadian dans le Henan, province limitrophe du Hubei, une personne par foyer seulement est autorisée à quitter son domicile… une fois tous les cinq jours. Des primes sont promises en cas de dénonciation de personnes venues du Hubei.
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A Pékin, où les avenues restent quasi-désertes, de nombreux commerces restent fermés même après la fin des congés du Nouvel an lunaire. Les restaurants ont été sommés de refuser les réservations de groupes. Conséquence de l’épidémie, l’économie chinoise pourrait être durablement plombée. Le géant électronique taïwanais Foxconn, fournisseur clé de l’américain Apple, a indiqué jeudi que les ouvriers d’une de ses usines au Henan (centre de la Chine) seraient placés en quarantaine pour au moins une semaine.
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En déplacement jeudi 6 février à Angoulême au festival de la bande-dessinée, Emmanuel Macron a assuré être “dans la vigilance la plus extrême”. Depuis le 1er février, le gouvernement a mis en place un numéro vert à destination des individus qui se posent des questions sur le coronavirus chinois. Ce numéro, le 0800 130 000, “sera ouvert de 9h à 19h tous les jours” et réservé à “toutes les questions qui ne concernent pas la santé”, a précisé Agnès Buzyn. Par contre, “si des personnes ont des symptômes et des questions médicales il faut appeler les centres 15 si on revient […] de Chine”, a-t-elle rappelé.