Feux d’artifice sur les marchés d’actions mondiaux. En dépit d’une année rythmée par les menaces protectionnistes, les craintes politiques et un ralentissement économique, ils finissent pourtant 2019 au firmament après avoir trouvé auprès des banques centrales un allié de poids. L’année 2019 a été “assez chahutée mais en définitive plutôt favorable aux marchés actions”, résume auprès de l’AFP Gilles Moëc, chef économiste du groupe Axa. Et ce en dépit de fondamentaux “assez mauvais”, résultat notamment des craintes sur le commerce international.
Mais la visibilité retrouvée mi-décembre, tant sur la guerre commerciale que sur le Brexit, a permis aux investisseurs de sabrer le champagne pour les fêtes. Concernant le Brexit, “le risque le plus important était le risque systémique mais dans la mesure où il y a un accord, ce n’est pas +disruptif+ pour les marchés, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura pas des conséquences économiques”, estime pour sa part Jeanne Asseraf-Bitton, responsable de la stratégie d’investissement de Lyxor AM.
La victoire électorale écrasante du Premier ministre britannique conservateur Boris Johnson, qui ouvre a priori la voie à une sortie ordonnée du Royaume-Uni de l’Union européenne, suivie de l’annonce d’un accord commercial préliminaire entre les Etats-Unis et la Chine impliquant un démantèlement de certaines taxes existantes, ont permis aux indices d’atteindre des sommets. L’indice phare parisien, le CAC 40 (+26% depuis le 1er janvier !), tout comme le Dax allemand, peuvent se targuer d’une progression supérieure à 25% sur l’année, tandis que l’indice londonien FTSE 100 affiche une hausse plus modeste d’environ 12%.
En Asie, l’indice japonais Nikkei a bondi de 18% et à Hong Kong, l’indice composite Hang Seng a pris environ 10%. Quant aux indices américains, leur ascension a de quoi faire pâlir: autour de 22% pour le Dow Jones, 28% pour le S&P 500 et jusqu’à 35% environ pour le Nasdaq.
Nous avons eu “une année dominée d’abord par le protectionnisme américain”, rappelle Mme Asseraf-Bitton. Après la trêve commerciale sino-américaine de décembre dernier, nous avons connu “un très beau début d’année” mais la situation s’est gâtée “d’un coup” car les Etats-Unis ont commencé à “être touchés” par le conflit commercial, ce qui a débouché sur une reprise des hostilités en mai.
Mais le changement de ton assez soudain de l’administration américaine en fin d’année a finalement rassuré les marchés en modifiant “la balance des risques”, juge M. Moëc, et ce malgré des données macroéconomiques fondamentales qui, si elles ont cessé de se dégrader, ne témoignent pas encore d’un redémarrage. C’est d’ailleurs, remarque le spécialiste, ce qui pourrait “limiter les espoirs très positifs” dans la deuxième partie de 2020.
Toutefois, “dès que les tensions sur la guerre commerciale s’apaisent, les marchés se rassurent quant au fait que la récession industrielle va rester cantonnée et du coup on retrouve des perspectives de croissance”, d’où une remontée récente des marchés de taux, souligne Mme Asseraf-Bitton. Car la trajectoire 2019 des dettes souveraines a été celle d’une longue glissade, grâce à des banques centrales ultra-accommodantes des deux côtés de l’Atlantique.
Mais pour 2020, les manœuvres monétaires devraient être limitées entre une BCE engagée, sous la houlette de sa nouvelle présidente Christine Lagarde, dans une vaste revue stratégique, et une Banque centrale américaine a priori partie pour laisser ses taux inchangés.
“Surtout que les élections américaines approchant, la Fed peut ne pas vouloir avoir l’air de favoriser” un camp plutôt que l’autre, avance Mme Asseraf-Bitton. Car c’est aux Etats-Unis que les craintes politiques pourraient ressurgir l’an prochain. “J’ai peur qu’en 2020, on échange l’incertitude liée à la guerre commerciale contre l’incertitude liée au résultat de l’élection américaine“, conclut M. Moëc.
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